CE QUI SE CACHE DERRIÈRE L'ÉCRAN

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« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Voici l’une des trois lois de Clarke, énoncées par l’auteur Arthur C. Clarke, écrivain scientifique du XXème siècle. Cette technologie permet des échanges améliorés, un meilleur partage de l’information, ainsi que des communications instantanées. Ces notions relevaient de la magie lorsqu’elles sont apparues, ces dernières décennies. Aujourd’hui encore, alors que nous y sommes habitués, elles continuent à nous faciliter la vie, permettant de communiquer avec notre famille à l’autre bout du monde. Mais souvent, derrière un tour de magie, il y a une explication bien plus pragmatique. Les magiciens ne vous la révèlent jamais, car sinon, la magie s’effondrerait.
 
Quand les magiciens nous annonçaient que le numérique nous rendrait la vie plus simple, le tout en protégeant l’environnement avec la promesse du « zéro papier », ils ne nous disaient pas que le prix à payer serait conséquent : une augmentation de la consommation d’énergie et des matières premières, un accroissement des gaz à effet de serre, une multiplication des équipements et une augmentation de déchets, sans oublier une sur-sollicitation de notre attention.
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La possession d'équipements numériques en 2020 en France

 
Regardons de plus près ces impacts du numérique. En France en 2020, il y avait 58 millions d’utilisateurs de 631 millions d’équipements numériques (TV, ordinateurs, téléphones, tablettes). Cela fait une moyenne de 11 équipements par utilisateur; la moyenne mondiale étant de 8 équipements par utilisateur.
 
Tout cela participe à l’augmentation de la consommation d’énergie primaire qui s’est élevée à 180 TWh (Térawatt-heure), ce qui a provoqué un réchauffement global équivalant à 24 millions de tonnes de CO2. Si nous rapportons ces chiffres aux impacts environnementaux annuels du pays, voici ce que représente l’empreinte numérique française :
 
 
Il est important de connaître ces chiffres, mais pour qu’ils soient davantage explicites, nous allons nous pencher sur ce que cela représente à l’échelle individuelle, par jour :
 
 
 
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Les équipements des utilisateurs

 
Entre 64 % et 91 % des impacts environnementaux sont causés par les équipements des utilisateurs. Étant donné qu’il y a davantage de téléviseurs que d’individus en France, les télévisions et les box TV comptent pour une part importante (de 22 % à 65 % des impacts du numérique). Viennent ensuite les ordinateurs et écrans associés, qui totalisent de 15% à 24 % des impacts. Quant aux téléphones mobiles, malgré leur nombre de 98 millions, ils ne totalisent qu’entre 4% et 9% des impacts. Il en est de même pour les 180 millions d’objets connectés, dont l’impact est encore dérisoire.
 
C’est en fait la taille des écrans qui a des conséquences particulièrement importantes sur l’environnement, tant lors de leur fabrication que sur leur consommation électrique. Selon une analyse du cycle de vie réalisée pour l’Ademe, la fabrication d’un téléviseur de 47 pouces génère 479 Kg de gaz à effet de serre et nécessite 26 000 litres d’eau.
Bien que ces appareils sont de plus en plus efficients en termes de consommation électrique, ils ne pourront bientôt plus compenser l’augmentation continue du nombre d’appareils par français. 
 
 

L’impact humain 

 
Certaines matières premières nécessaires à la fabrication des équipements numériques sont rares, et leur chaîne de fabrication nécessite la consommation d’énergie fossile. Il faut extraire les matières premières, les transporter, pour ensuite fabriquer les pièces détachées qu’il faudra de nouveau transporter, afin d’assembler le produit fini puis le transporter encore une fois dans le pays de distribution. 
 
Il y a d’autres externalités négatives du numérique qui ne sont pas d’ordre environnemental, mais qu'il faut prendre en considération :
Les matières premières utilisées pour la fabrication des équipements numériques sont le tungstène, l’étain, le tantale et l’or. Elles sont notamment extraites à l’Est de la République démocratique du Congo. Outre les conditions de travail déplorables qui existent dans ces mines à ciel ouvert, le commerce international de ces minéraux sert également à financer des conflits armés. En 2015, 27 conflits en Afrique avaient un lien avec les ressources minières. L’Union Européenne s’est engagée, en 2016, à réglementer les importations provenant de ces « minerais de sang ». Ainsi, les entreprises importatrices européennes se trouvant au début de la chaîne de production doivent s’assurer qu’il n’y a pas de lien entre leur chaîne d’approvisionnement et les conflits armés.
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Les gestes à adopter 

 

L’humanité doit réduire son empreinte écologique par 4 pour atteindre ses objectifs en matière de développement durable. L’objectif ultime, comme le prévoit l’accord de Paris sur le climat, est de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2° par rapport aux niveaux de température préindustriels. Or pour l’instant, l’univers numérique continue son expansion. Alors, pour freiner la croissance de ces impacts, voici ce qu’il est possible de faire :

 

1 - Augmenter la durée de vie des équipements

-      Au niveau législatif, allonger la durée légale de garantie de l’appareil

-      Favoriser la réutilisation et la réparation

-   Lutter contre les modèles économiques qui accélèrent l’achat de nouveaux appareils (smartphone à 1€ contre réengagement de 2 ans)

 

2 - Diminuer la quantité de ressources numériques utilisées

-      Favoriser la mutualisation des équipements

-      Préférer les services numériques éco-conçus

-      Réduire le nombre de très grands écrans TV

 

3 - Rendre le contrôle aux utilisateurs du numérique

-      Leur permettre de choisir les mises à jour logicielles qu’ils souhaitent installer (si l'appareil a déjà plusieurs années, certaines mises à jour peuvent le ralentir)

-      Les orienter vers des équipements réparables et facile à reconditionner

 

4 - Acheter, à son niveau, des services numériques éco-conçus

 

Il est urgent d’adopter ces gestes car, si le rythme actuel se poursuit, le numérique sera considéré comme une ressource critique non-renouvelable d’ici deux générations.

Données : Green IT - Janvier 2021